Le 26 octobre 2023, l’ACIFA a organisé un webinaire (en anglais) sur le langage inclusif en milieu professionnel intitulé Words Matter (Les mots comptent). Le webinaire a été animé par Elissa Gurman, directrice au sein de MacPhie Consulting (une société de conseil en gestion). Elle est spécialisée dans le développement organisationnel, la facilitation stratégique et la communication inclusive. Mme Gurman est titulaire d’un doctorat de l’Université de Toronto, et d’un certificat en diversité, équité et inclusion de l’Université Cornell.
Keith Martin, codirecteur général de L’ACIFA, a entamé le webinaire en remerciant les participants. En plus des nombreux représentants des 15 sociétés membres et des 9 sociétés associées de l’ACIFA, des représentants d’associations sectorielles connexes étaient présents, soit :
- l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP);
- l’Association canadienne de l’assurance voyage (ACAV);
- l’Association des banquiers canadiens (ABC);
- la British Columbia Financial Services Authority (BCFSA);
- l’Insurance Counsel of British Columbia;
- le Conseil du Trésor et ministère des Finances de l’Alberta (ATBF);
- les Insurance Councils of Saskatchewan (ICS);
- l’Autorité ontarienne de réglementation des services financiers (ARSF).
Le webinaire Words Matter fait partie d’un cours plus élaboré offert par MacPhie sur le langage inclusif. Mme Gurman a entamé sa présentation en discutant de l’importance du langage dans l’espace professionnel, et notamment de la nécessité de définir correctement certains mots phares – diversité, équité et inclusion (DEI). Que signifient ces termes?
La diversité signifie tout simplement « différence ». Il s’agit de dimensions à la fois visibles et invisibles qui donnent lieu à des différences individuelles et collectives dans nos habitudes de travail et nos expériences en milieu professionnel. L’équité signifie la reconnaissance des différences individuelles ou collectives qui peuvent entraîner des obstacles en milieu professionnel et dans la société en général. Beaucoup de gens confondent l’équité et l’égalité, mais ces deux notions sont différentes. L’égalité signifie que chaque personne a les mêmes objectifs et que nous travaillons pour atteindre un but commun. L’équité signifie que nous visons des objectifs justes pour certaines personnes ou certains groupes et que nous tenons compte des obstacles qui sont propres à ces personnes. L’inclusion est un sentiment. Alors que la diversité reconnaît nos différences, l’équité répond à ces différences d’une manière qui permet à tout le personnel de s’épanouir. L’inclusion, quant à elle, est un processus d’épanouissement dans lequel tout le personnel a le sentiment de pouvoir réussir. L’inclusion est ce qui garantit une présence durable à la diversité et à l’équité.
La compréhension des principes de DEI nous amène à la notion du langage inclusif. Le langage inclusif est conçu pour aider les personnes à se sentir vues et respectées. Il s’agit d’une pratique en constante évolution, puisque la langue change continuellement. Pour utiliser un langage inclusif, il faut toujours faire preuve de conscience et d’ouverture pour modifier nos habitudes linguistiques afin de nous montrer empathiques envers les autres.
Le langage inclusif suscite beaucoup de craintes. Cette situation reflète la culture de l’annulation, qui transforme le langage inclusif en une conversation sur le malaise personnel plutôt que sur les sentiments des gens qui nous entourent. Par conséquent, selon le principe du langage inclusif, au lieu de nous préoccuper uniquement de nous-mêmes lorsque nous émettons un message, nous devons penser aux personnes qui nous écoutent.
Mme Gurman a ensuite présenté quelques règles de conduite essentielles, ou des conseils, concernant certaines catégories particulières :
- Invalidité et maladie : il faut utiliser un langage centré sur les personnes. Ainsi, on utilise un langage qui privilégie les personnes, afin de les valoriser plutôt que de les limiter à leur invalidité ou à leur maladie. Un exemple est l’utilisation du mot survivant au lieu de victime; l’un évoque la force et la persévérance, tandis que l’autre évoque un mal subi par quelqu’un.
- Race et culture : exprimez-vous de manière précise. Si vous devez parler de la race ou de l’origine ethnique d’une personne, utilisez des termes précis. Ainsi, lorsque vous écrivez au sujet de personnes d’origine asiatique, précisez s’il s’agit de personnes chinoises, par exemple, ou malaisiennes. Un autre exemple est l’utilisation de l’expression « Afro-Américain ». L’expression « Afro-Américain » n’est pas toujours interchangeable avec « Noir », et a été utilisée à tort comme façon générique de désigner les personnes de descendance africaine dans le monde entier, ce qui a eu pour effet de taire l’existence d’autres ethnies ou nationalités.
- Genre et sexualité : gardez à l’esprit que les gens ne sont pas tous des hommes cisgenres et hétérosexuels. Dans beaucoup de langues, on part du principe que la norme est l’hétérosexualité et la masculinité. Nous devons donc adapter nos habitudes linguistiques en milieu professionnel et privilégier des formulations plus neutres en ce qui concerne le genre. Au lieu d’utiliser il comme pronom automatique, utilisez une tournure avec les termes personnes ou gens. Au lieu de dire « préférence sexuelle », il faudrait plutôt utiliser l’expression « orientation sexuelle »; l’une implique un choix, tandis que l’autre implique la nature de la personne.
Les règles ci-dessus et leurs exemples ne sont que quelques-unes des nombreuses informations que Mme Gurman a fournies pour chacune des catégories qui précèdent. Elle a également offert des perspectives historiques et sociétales pour chacune des situations afin de contextualiser un grand nombre de mots, d’idiomes, d’expressions et d’habitudes que nous utilisons ou que nous avons et qui sont enracinés dans un passé offensant. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez consulter le cours complet (en anglais) de Mme Gurman sur le langage inclusif.
Avant de conclure le webinaire, Mme Gurman a mentionné deux autres points importants relatifs au langage inclusif :
- Exprimez-vous de façon directe – Évitez les idiomes et les expressions qui peuvent tirer leur origine de la discrimination ou des préjugés.
- Consultez les personnes qui ont vécu les expériences, montrez-leur du respect, et fiez-vous à leur avis. Lorsque quelqu’un vous parle de son expérience, écoutez cette personne.
De nombreuses questions ont été posées pendant le webinaire. Une personne a cherché à savoir dans quelles circonstances il est approprié ou nécessaire de « rappeler à l’ordre » quelqu’un qui utilise un terme désuet ou carrément offensant. Mme Gurman a suggéré de faire preuve de discernement : s’il s’agit d’un terme injurieux, il est juste et nécessaire de le signaler immédiatement; en revanche, la décision de signaler un idiome ou une expression qui pourraient offenser quelqu’un est laissée à votre discrétion. Un exemple est l’utilisation du terme « grand-père ». Souvent, les gens ne connaissent pas l’histoire raciste qui s’y rattache, et n’utilisent donc pas ce terme dans un but raciste. C’est à vous de juger (et tout dépend de votre relation avec la personne) si, quand et comment vous voulez lui signaler que ce terme est offensant. Si quelqu’un vous reproche d’avoir utilisé un terme offensant, écoutez cette personne et remerciez-la de l’avoir fait. Si le commentaire vous gêne ou si vous le percevez comme une attaque, ce n’était pas le but de la personne qui le fait. Il s’agit plutôt d’une occasion d’apprentissage et d’une façon de montrer votre engagement envers les principes de DEI.
https://www.cafii.com/wp-content/uploads/2023/11/Selected-Slides.pdf