Le 30 janvier 2025, l’Association canadienne des institutions financières en assurance (ACIFA) a tenu son premier webinaire de 2025, intitulé Innovation dans le domaine de l’assurance en Ontario : Une conversation sur le partenariat du Bureau de l’innovation de l’ARSF avec Fintech Cadence pour soutenir l’innovation dans le domaine de la technologie financière en Ontario. Le directeur général de l’ACIFA, Keith Martin, a animé le webinaire. Il a accueilli Stephanie Appave, directrice de l’innovation, de l’Autorité ontarienne de réglementation des services financiers (ARSF), et Layial El-Hadi, directrice générale, de Fintech Cadence.
De nombreux représentants des 15 entreprises membres et des 9 entreprises associées de l’ACIFA ont participé à ce webinaire, ainsi que des représentants d’associations sectorielles connexes, notamment l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP), l’Association canadienne de l’assurance voyage (ACAV), l’Association des banquiers canadiens (ABC) et l’Association canadienne des assureurs par marketing direct (ACAMD). Des représentants de plusieurs organismes de réglementation des assurances et des services financiers ainsi que d’organismes d’élaboration des politiques ont également participé au webinaire, notamment les organismes gouvernementaux suivants :
- Insurance Council of British Columbia
- Gouvernement de l’Alberta
- Autorité des marchés financiers du Québec (AMF)
- Autorité ontarienne de réglementation des services financiers (ARSF)
K. Martin a commencé le webinaire en présentant les deux conférencières – Stephanie Appave et Layial El-Hadi. S. Appave (ARSF) dirige le Bureau de l’innovation de l’ARSF depuis mars 2023, où elle a créé des occasions de développement commercial et de mobilisation dans l’ensemble du vaste système financier. Elle a fait mieux connaître l’ARSF et a renforcé la perception de cette dernière en tant qu’autorité de réglementation qui favorise l’innovation. L. El-Hadi est directrice générale de Fintech Cadence, une organisation qui vise à créer et à soutenir de nouvelles entreprises dont l’objectif est de résoudre les problèmes du secteur financier de l’Ontario grâce à l’intégration de la technologie. Avant de laisser la parole aux conférencières pour leurs présentations respectives, K. Martin a rapidement présenté Robyn Jennings, analyste de la recherche à l’ACIFA, qui avait préparé quelques questions pour les conférencières.
S. Appave a fait la première présentation, dans laquelle il a expliqué le mandat de l’ARSF en matière d’innovation, la fonction du Bureau de l’innovation, et le laboratoire réglementaire de l’Ontario. Au cours des dernières années, l’ARSF a privilégié une approche de la réglementation fondée sur des principes et axée sur les résultats. L’innovation est l’un des objectifs réglementaires de l’ARSF. Encourager et soutenir l’innovation et l’expérimentation est donc un élément fondamental du mandat de l’autorité de réglementation. En fait, le Bureau de l’innovation a été créé pour aider l’ARSF à respecter ce mandat. L’ARSF soutient l’innovation dans l’ensemble de l’Ontario grâce aux pouvoirs d’exemption que le gouvernement de l’Ontario a accordés au chef de la direction de l’ARSF et qui permettent à l’organisation de se servir de ses pouvoirs discrétionnaires, ainsi que d’autres outils connexes. Grâce au Bureau de l’innovation, l’ARSF peut faciliter l’innovation dans les secteurs réglementés. En effet, l’organisation fournit du soutien, des conseils et des indications tant aux entités réglementées qu’à celles non réglementées.
En ce qui concerne les ressources publiques, l’ARSF a publié un cadre d’innovation qui décrit la stratégie et les principes directeurs qui déterminent comment l’ARSF soutient l’innovation responsable. L’organisme de réglementation a également mis en place son environnement d’essai et d’apprentissage (EEA), également connu sous le nom de laboratoire réglementaire. Les EEA sont ouverts à toute personne qui participe au marché, soit les entités qui détiennent un permis de l’ARSF et celles qui ne sont pas réglementées. Les EEA de l’ARSF offrent un espace protégé pour mener des expériences sans compromettre la protection des consommateurs. Les EEA, ou laboratoires réglementaires, sont des espaces dédiés qui permettent de tester en toute sécurité des produits, des services et des modèles d’entreprise novateurs sur le marché réel. En résumé, les EEA offrent aux entreprises la possibilité de tester des activités qui seraient autrement interdites par le cadre réglementaire actuel. Les EEA permettent également d’assurer la protection des consommateurs pendant les essais. Ainsi, les organismes de réglementation, comme l’ARSF, peuvent observer les effets que ces produits, services et modèles d’entreprise, qui n’ont pas encore été testés, pourraient produire sur le marché, les entreprises et les consommateurs. Cette forme d’essais contrôlés permet de découvrir la viabilité et les risques des produits ou des services en question. Si des risques se présentent, l’ARSF collabore alors avec l’entreprise pour atténuer et gérer les problèmes. Actuellement, l’ARSF mène deux projets d’EEA – EEA pour le modèle d’accès direct et EEA selon le territoire. Le premier, entamé en août 2023, permet de tester une nouvelle façon de distribuer des produits d’assurance commerciale. Le second, entamé en 2024, permet aux compagnies d’assurance automobile de proposer et de tester des changements de tarifs en fonction du territoire dans la région du Grand Toronto. Actuellement, 11 compagnies d’assurance automobile participent à l’EEA selon le territoire.
Il convient de considérer les EEA comme une bonne occasion à saisir. Il s’agit d’une occasion de tester et de perfectionner une idée novatrice dans le monde réel tout en ayant accès à des ressources telles que le Bureau de l’innovation ou les experts du secteur de la réglementation de l’ARSF. Les entreprises participantes pourront obtenir des informations en temps réel sur leur projet novateur, ainsi que des conseils sur les attentes en matière de réglementation. Les organismes de réglementation y trouvent également leur compte. Ils peuvent recevoir des informations qui leur permettront de guider les activités réglementaires futures.
En ce qui concerne l’innovation, l’une des principales priorités de l’ARSF est la collaboration. Puisque l’ARSF reconnaît que l’innovation nécessite une communauté, le Bureau de l’innovation cherche toujours des occasions de collaborer. Les responsables discutent régulièrement avec un grand nombre d’intervenants, de partenaires et d’experts de l’industrie. Ces discussions ont permis de produire trois rapports sur les possibilités, qui rendent compte des discussions sur l’innovation dans le secteur des assurances, du courtage en prêts hypothécaires, et des coopératives de crédit. L’ARSF s’est également associée à divers centres d’innovation pour organiser des réunions argumentaires, des dîners-conférences et des heures de bureau. Il s’agit notamment du partenariat de l’ARSF avec Fintech Cadence.
L. El-Hadi a commencé sa présentation en décrivant brièvement Fintech Cadence et son travail en général. Fintech Cadence est le plus grand incubateur de technologies financières au Canada. Sa mission et l’essentiel de son travail consistent à faire progresser le système financier afin de mieux servir l’ensemble de la population canadienne. Pour y parvenir, Fintech Cadence collabore étroitement avec le secteur financier, les entrepreneurs, les organismes de réglementation, le gouvernement et les universités afin de faire en sorte que des produits d’excellente qualité soient mis sur le marché au Canada, pour les consommateurs canadiens, les petites entreprises et les entreprises en général.
Selon Fintech Cadence, le développement du secteur financier repose sur l’éducation, la collaboration et le soutien. L’éducation permet aux personnes compétentes d’en apprendre davantage sur le secteur. Fintech Cadence collabore avec les universités et le secteur éducatif afin de faire valoir les programmes d’études et de s’assurer que les cours de technologie financière soient intégrés dans les programmes d’études. La collaboration porte également sur la commercialisation de la recherche et l’intégration dans l’industrie. Fintech Cadence collabore avec des chercheurs, des doctorants et des étudiants à la maîtrise afin de déterminer si leurs idées peuvent être commercialisées et où elles peuvent apporter de la valeur à l’industrie. La collaboration porte également sur la création de partenariats avec les intervenants du secteur afin de résoudre les problèmes liés aux technologies financières. Fintech Cadence détermine les défis auxquels sont confrontées les nouvelles entreprises et s’interroge sur la manière dont le milieu de l’innovation peut contribuer à l’innovation plutôt que de s’y opposer. Enfin, le soutien permet de créer et de soutenir de nouvelles entreprises, aux premières phases de démarrage, dans le domaine de la technologie financière. En tant qu’incubateur, l’organisation concentre ses efforts sur les nouvelles entreprises aux premières phases de démarrage, dans le domaine de la technologie financière.
Dans le but de combler les lacunes du secteur des technologies financières, Fintech Cadence a mis au point un processus de développement adapté pour permettre aux nouvelles entreprises du secteur des technologies financières de prospérer. Dans le processus, on demande aux personnes compétentes, qu’il s’agisse d’étudiants universitaires ou de représentants de l’industrie, si elles savent que les solutions de la technologie financière sont nécessaires sur le marché. Ces personnes sont-elles en train de créer ces solutions? Collaborent-elles avec l’industrie pour résoudre les problèmes? L’entreprise se développe-t-elle et évolue-t-elle? L’entreprise suit-elle un modèle intégré qui peut être appliqué à plus grande échelle?
Fintech Cadence accompagne des nouvelles entreprises qui traitent des problèmes dans plusieurs secteurs, notamment les paiements, les technologies de gestion du patrimoine, les technologies de l’assurance, le financement collectif, les chaînes de blocs, les transferts de fonds, la gestion des finances publiques, la cybersécurité, les questions ESG, et bien plus encore. Les secteurs les plus importants au Canada sont les technologies de paiement, les technologies de prêt, les technologies d’investissement et les technologies de gestion du patrimoine. Pour les besoins du webinaire d’aujourd’hui, L. El-Hadi a mis l’accent sur les solutions des technologies de l’assurance. En raison de la nature du secteur, les technologies de l’assurance constituent également un autre segment important des technologies financières au Canada, et leur croissance ne fait que se poursuivre. Selon Fintech Cadence, si le secteur continue à évoluer dans la direction actuelle, le Canada sera l’un des pays les plus forts au monde en ce qui concerne les technologies de l’assurance.
À quoi ressemble le secteur des technologies financières au Canada? Selon les estimations de Fintech Cadence, entre 1 500 et 2 200 entreprises de technologie financière, peut-être plus, sont actuellement en activité au Canada. L’Ontario est l’une des provinces les plus actives dans le domaine des technologies financières, suivie de très près par le Québec. La Colombie-Britannique enregistre également une forte croissance. L’Alberta a aussi commencé à investir massivement dans le domaine des technologies financières, notamment dans les technologies de l’assurance. Mais, pourquoi le secteur des technologies de l’assurance est-il si fort? Selon Fintech Cadence, tout dépend des variables suivantes et de leur interaction :
- Institutions financières : Les institutions financières participent-elles à ce processus? Collaborent-elles avec les nouvelles entreprises? Cherchent-elles activement à participer à ce travail?
- Talent : Avons-nous des personnes compétentes? Le Canada est manifestement fort dans ce domaine, comme en témoignent ses innovations dans les domaines de l’intelligence artificielle et des technologies de la chaîne de blocs.
- Soutien : Les nouvelles entreprises ont-elles le soutien nécessaire pour réussir? Là encore, le Canada est très fort dans ce domaine.
- Capital : Existe-t-il du capital pour permettre la création d’entreprises? Au Canada, il existe un solide réseau d’investisseurs en capital-risque et d’investisseurs providentiels qui soutiennent les nouvelles entreprises.
- Technologies : Les nouvelles entreprises disposent-elles des technologies appropriées et nécessaires pour assurer leur réussite?
Pour conclure sa présentation, L. El-Hadi a souligné que l’intelligence artificielle influencera tout, notamment la manière dont les fournisseurs de services traditionnels devront s’y adapter et l’évolution des attentes des consommateurs en ce qui concerne les produits et les services.
K. Martin a demandé aux conférencières si elles pouvaient discuter davantage du partenariat entre l’ARSF et Fintech Cadence, qui a débuté en septembre 2024. S. Appave a commencé. Elle a indiqué que selon l’ARSF, ce partenariat constituait une première étape essentielle pour soutenir l’innovation financière dans le secteur des technologies financières, ce qui a permis à l’ARSF de devenir un partenaire actif du secteur. De plus, ce partenariat met en évidence le fait que l’organisme de réglementation choisit à la fois d’adopter une approche d’innovation responsable et de tirer parti de l’expertise et des relations de Fintech Cadence. L. El-Hadi a ajouté que le travail de chaque entité – la priorité que l’ARSF accorde à la réglementation et celle que Fintech Cadence accorde à l’innovation – est complémentaire, ce qui rend le partenariat très solide. S. Appave a expliqué que l’ARSF espère atteindre trois objectifs principaux grâce à ce partenariat. Ils sont les suivants :
- Établir des liens plus solides entre l’ARSF, le secteur de l’innovation et les nouvelles entreprises de technologies financières;
- Mieux comprendre les obstacles réglementaires et les défis à l’innovation;
- Amener des idées et des perspectives nouvelles et différentes pour orienter l’approche et les activités de l’ARSF dans le secteur de l’innovation;
- Faire mieux connaître l’ARSF et son mandat en matière d’innovation.
L. El-Hadi a confirmé les objectifs mentionnés par S. Appave, et a ajouté que, parfois, les fondateurs et les entrepreneurs ne comprennent pas les composantes réglementaires ou ne savent pas comment établir des relations avec une agence de réglementation. L’objectif de Fintech Cadence et de ce partenariat est de faire tomber ces barrières sur le plan des connaissances afin que les nouvelles entreprises puissent établir des lignes de communication directes et comprendre l’environnement réglementaire et les obstacles à franchir.
Deux aspects essentiels du partenariat sont le renforcement de la sensibilisation et de la mobilisation. Fintech Cadence a déployé de grands efforts pour intégrer le Bureau de l’innovation dans sa programmation et ses événements afin de sensibiliser davantage l’organisme de réglementation. L’organisation a également effectué un travail remarquable pour créer des occasions de formation et de mobilisation. Ce partenariat offre à l’ARSF de nouvelles occasions de communiquer des informations sur la manière dont l’organisme de réglementation soutient l’innovation et l’expérimentation au moyen des EEA et d’autres outils réglementaires. Il permet également à l’ARSF de recenser les entreprises qui pourraient participer aux EEA. En bref, ce partenariat rend l’interaction avec un organisme de réglementation moins intimidante pour les nouvelles entreprises.
Au sujet de la proposition de valeur, K. Martin a demandé aux conférencières d’expliquer pourquoi le partenariat est important, comment il aidera les entreprises à développer leurs idées novatrices et en quoi il est différent des autres partenariats. S. Appave a répondu que ce partenariat est une occasion unique de montrer comment un organisme de réglementation et un centre d’innovation peuvent collaborer pour soutenir l’innovation responsable. Il est essentiel que l’ARSF détermine et comprenne les obstacles et les défis réglementaires si l’organisme veut soutenir l’innovation dans le domaine des technologies finales, ainsi que comprendre les tendances émergentes et en assurer le suivi. Ce partenariat permettra d’obtenir des informations importantes. S. Appave a ajouté qu’il est très rare de voir des organismes de réglementation s’associer à des centres d’innovation. Un autre aspect qui rend ce partenariat unique est qu’il ne s’agit pas d’une initiative ponctuelle, mais d’un engagement direct et continu, sous diverses formes, comme les dîners-conférences, les heures de bureau, la présence de l’ARSF aux événements organisés par Fintech Cadence, etc. L. El-Hadi a ajouté que la conformité réglementaire est un des plus grands défis lorsqu’il s’agit de démarrer une entreprise de technologie financière. Beaucoup de personnes qui démarrent une entreprise ne savent pas quand elles doivent contacter un organisme de réglementation. Par conséquent, elles risquent de ne pas se conformer aux règles et de ne pas pouvoir entrer sur le marché. Ainsi, grâce à ce partenariat, les nouvelles entreprises disposeront désormais d’une ligne d’accès direct à l’ARSF. Enfin, L. El-Hadi a fait remarquer que peu d’organismes de réglementation sont disposés à avoir ce genre de conversations. Le fait que l’ARSF soit non seulement disposée à le faire, mais qu’elle s’intègre activement au secteur et aux conversations de l’industrie est une preuve de l’engagement de l’organisme de réglementation à bâtir un marché plus fort.
K. Martin a demandé à S. Appave si l’ARSF avait reçu des objections au sujet de la surveillance réglementaire réduite qui est associée aux EEA, en particulier de la part d’entreprises qui font l’objet d’une surveillance réglementaire complète. Elle a expliqué que lors de la collaboration avec une entreprise pour concevoir un EEA particulier pour un produit, une invention ou un modèle d’entreprise précis, ce travail a une durée très limitée. De plus, tout dépend de l’angle sous lequel le marché est observé. Les compagnies d’assurance traditionnelles qui sont déjà soumises à une réglementation disposent de certains avantages sur le marché, comme la taille, la clientèle, etc. En revanche, les nouvelles entreprises se heurtent à des obstacles lorsqu’il s’agit de se conformer à la réglementation ou de trouver des partenariats ou des clients. S. Appave a expliqué que les EEA sont ouverts à la fois aux entités qui détiennent un permis de l’ARSF et celles qui ne sont pas réglementées.
K. Martin a demandé aux deux conférencières de parler de la programmation et des événements de Fintech Cadence, ainsi que des laboratoires réglementaires ciblés et des participants aux EEA. Il leur a demandé d’expliquer ce à quoi l’industrie peut s’attendre au cours de l’année à venir. S. Appave a expliqué comment, pour l’ARSF et le Bureau de l’innovation, les laboratoires réglementaires servent à favoriser la collaboration. L’organisme de réglementation souhaite donc encourager davantage d’entreprises à expérimenter et à innover sans craindre de déroger par inadvertance aux règles. Les laboratoires permettent également aux organismes de réglementation de trouver des possibilités d’adaptation et d’ajustement tout en maintenant la protection des consommateurs. L. El-Hadi a fait remarquer que, dans l’ensemble de l’industrie, toutes les entités sont de plus en plus intéressées par la collaboration, mais ne savent pas par où commencer. De plus, de nombreuses entités se préoccupent de la manière dont les données peuvent être transmises en toute sécurité. Fintech Cadence offre à ses clients une transparence qui leur permet de comprendre comment cette collaboration fonctionnera, pourquoi elle aidera leur produit et comment elle peut servir à comprendre les préjudices ou les résultats éventuels qu’un produit pourrait avoir pour les consommateurs.
Pour les participants au webinaire qui se demandent comment leur équipe peut collaborer avec les technologies financières ou les intégrer, L. El-Hadi les invite à simplement entamer la conversation. Si la question de l’innovation a été abordée dans leur entreprise, mais qu’ils ne savent pas par où commencer, il leur suffit de contacter l’ARSF ou Fintech Cadence, qui peuvent et veulent les aider.
K. Martin a fait remarquer qu’un grand nombre des projets en question doivent être très délicats sur le plan commercial ou concurrentiel. Il a demandé comment l’ARSF et Fintech Cadence gèrent la confidentialité pour garantir la sécurité du produit ou de l’idée d’une entreprise. S. Appave a expliqué que la confidentialité est intégrée dans les paramètres des EEA et dans le processus de développement des EEA.
R. Jennings est intervenue et a demandé aux conférencières si elles pouvaient parler plus en détail du contexte de l’innovation dans les technologies financières en Ontario, notamment des tendances émergentes et des défis à relever. L. El-Hadi a expliqué que le moyen le plus simple de reconnaître un domaine prospère de technologie financière est d’examiner le secteur financier. Il faut donc examiner les assurances, toutes les grandes banques, les coopératives de crédit, etc. En raison de sa taille, de son développement économique et de son histoire, l’Ontario compte de nombreuses institutions financières solides et bien établies. Le Québec est également une région solide, en particulier dans le domaine de l’assurance. Dans l’ouest du Canada, le secteur des coopératives de crédit est très développé. Quant au Canada atlantique, ses systèmes financiers sont très axés sur la communauté. Puisque le secteur financier de l’Ontario est fort, par défaut, le secteur des technologies financières est également fort, grâce à l’accès et aux relations directes entre les institutions. Il est possible de faire des investissements en capital. De plus, en raison de la population et du nombre d’universités, on trouve aussi beaucoup de talent. L. El-Hadi a toutefois précisé qu’il y a encore d’autres régions au Canada qui sont en croissance et qui se distinguent dans leurs segments respectifs, mais que, dans l’ensemble, l’Ontario est une des régions les plus fortes.
Compte tenu des tendances et des défis au sein du secteur des technologies financières de l’Ontario, les domaines suivants ont connu une croissance considérable récemment : les moyens de paiement, l’assurance, les technologies de gestion financière et de gestion du patrimoine, les néo-banques et les néo-produits, et les technologies immobilières. Un des défis les plus importants de l’Ontario a été, et demeure, le montant des capitaux alloués aux fondateurs. Les investisseurs ontariens n’aiment pas le risque. Les investisseurs recherchent des projets à risque quasi nul, surtout si on les compare aux investisseurs américains, qui semblent un peu plus audacieux et prêts à courir un certain risque. Un autre défi est la relation entre le secteur financier et le secteur des technologies financières. Bien que les deux entretiennent une excellente relation, il peut être difficile pour les entreprises de technologies financières d’approcher les institutions financières ou de percer dans le secteur financier. Souvent, les institutions financières remettent en question la capacité des entreprises de technologies financières à respecter la réglementation, ou leur valeur en ce qui concerne la fidélisation des consommateurs. Enfin, le dernier défi majeur auquel sont confrontées de nombreuses nouvelles entreprises est celui des barrières réglementaires. Le partenariat entre Fintech Cadence et l’ARSF a pour objectif de remédier à cette situation.
R. Jennings a demandé à L. El-Hadi s’il y avait des différences générationnelles quant à l’intérêt pour les néo-banques et les néo-produits. L. El-Hadi a répondu que le Canada a tendance à avoir des consommateurs conservateurs. En effet, environ 80 % des consommateurs restent clients de la même banque toute leur vie. Ces produits et innovations plus modernes ont tendance à attirer davantage les jeunes générations, mais il ne faut pas en conclure que le secteur des technologies financières est réservé à ce groupe de la population. Une vague impressionnante de solutions destinées aux baby-boomers est en train de faire son apparition sur le marché. Ces solutions sont axées sur la gestion et l’investissement du patrimoine, la transition patrimoniale, la planification de la retraite, etc.
Le domaine des technologies financières de l’Ontario est manifestement dynamique. Quelle place occupe le développement des relations dans ce contexte et quelle est son importance dans le cadre de l’innovation? L. El-Hadi a fait remarquer qu’il y a une plaisanterie courante à Fintech Cadence selon laquelle il est impossible de créer une entreprise de technologie financière sans avoir une certaine forme de relation avec une institution financière ou avec le secteur financier. Il peut s’agir de tisser des liens commerciaux, d’établir un partenariat ou d’avoir l’autorisation de tester les produits auprès des consommateurs. Il est donc essentiel de bâtir des relations. Les entreprises de technologies financières ne pourront pas se développer sans cette démarche. Cependant, compte tenu des défis à relever, les intervenants du secteur cherchent encore une solution à ce problème. Les institutions financières veulent collaborer avec les entreprises de technologies financières, mais ne savent pas toujours comment ou par où commencer, et vice versa. S. Appave a appuyé les propos de L. El-Hadi, et a ajouté qu’un partenariat solide comme celui qui existe entre Fintech Cadence et l’ARSF permet de toucher plus largement l’ensemble de l’industrie.
R. Jennings a ensuite demandé à S. Appave si elle pouvait parler des relations de l’ARSF avec d’autres organismes de réglementation au Canada. Elle a répondu que, de façon générale, tous les organismes de réglementation sont confrontés à des défis similaires liés à l’évolution rapide des technologies nouvelles et émergentes. Tous les organismes de réglementation canadiens essaient maintenant de comprendre et d’évaluer les effets que cette technologie en évolution a sur le secteur financier, et de se tenir au courant de l’actualité. S. Appave a expliqué que l’ARSF communique avec ses homologues et les organismes de réglementation semblables afin d’échanger des informations, de définir et de mettre en commun des priorités, et de se tenir au courant d’initiatives similaires. Par exemple, l’ARSF sait que l’Alberta a inauguré un laboratoire réglementaire en 2022 et que l’AMF et la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario ont publié un document de travail sur l’IA en 2023. L’ARSF peut obtenir des informations importantes auprès d’autres organismes de réglementation, donc l’échange d’informations est essentiel. Il est important de retenir que les approches et les programmes ou initiatives sont fortement adaptés à cet environnement. Par conséquent, une démarche entreprise dans une certaine province peut ne pas s’appliquer à l’Ontario.
L’ARSF entretient des relations avec les organismes de réglementation de tout le Canada, mais le fait-elle à l’échelle mondiale? Le Royaume-Uni, l’Australie et Singapour ont mis sur pied des laboratoires réglementaires à l’échelle fédérale pour les technologies financières. Ces administrations internationales influencent-elles l’ARSF de quelque manière que ce soit? S. Appave a fait remarquer que, bien que toutes les administrations mentionnées disposent d’organismes de réglementation mieux établis et de laboratoires à l’échelle nationale, l’ARSF tire des enseignements de ces administrations en ce qui concerne les pratiques exemplaires. Puisque l’ARSF est un organisme relativement jeune, le fait d’examiner ces administrations plus établies peut aider à comprendre comment les laboratoires peuvent faire le lien entre l’innovation et la réglementation.
K. Martin a posé quelques questions finales avant de conclure le webinaire. Il a indiqué que l’une des caractéristiques des produits proposés par les membres de l’ACIFA est qu’un assureur les souscrit souvent, mais les propose au client par l’intermédiaire d’un distributeur, comme une banque ou une coopérative de crédit. Dans de nombreux cas, une innovation dans le domaine des technologies financières nécessiterait de collaborer avec deux organismes distincts qui sont des partenaires, mais qui restent des entreprises entièrement séparées et qui disposent de technologies et de systèmes traditionnels différents. K. Martin demande si l’ARSF ou Fintech Cadence ont fait face à ce type de défi et si l’une ou l’autre des organisations a des suggestions pour évoluer avec ce modèle d’entreprise un peu plus complexe. S. Appave fait remarquer que, en ce qui concerne les EEA, l’ARSF n’a pas encore eu connaissance de cette entente ou d’une entente de ce type. Elle a ajouté que rien n’était exclu, et que l’ARSF pourrait se voir offrir cette possibilité à l’avenir. Si une entreprise de technologie financière envisage un projet de ce type, elle l’encourage à contacter l’ARSF et le Bureau de l’innovation, qui peuvent mettre à sa disposition des experts du secteur et d’autres personnes de l’ensemble de l’organisation pour définir la voie à suivre. L. El-Hadi a ajouté que si une entreprise de technologie financière offre des services, selon l’exemple de K. Martin, elle doit comprendre l’ensemble du cycle de vie de ce produit et de son service. Lorsque les entreprises de technologies financières font appel à d’autres intervenants dans le cadre du processus, des difficultés liées aux aspects réglementaires ou aux méthodes de travail peuvent survenir. Elle a aussi expliqué qu’au Canada, un des défis est que la réglementation des assurances relève des provinces, ce qui signifie que les entreprises de technologies financières ne doivent pas seulement concevoir un produit qui va plaire à divers intervenants, mais qui va aussi respecter les réglementations régionales uniques associées à chaque intervenant. Pour réussir à trouver l’équilibre dans ce contexte, les entrepreneurs de ce secteur doivent posséder un ensemble de compétences. Voilà pourquoi les EEA de l’ARSF sont si indispensables. Ils offrent du soutien et de la sécurité aux entreprises de technologies financières.
K. Martin a fait remarquer que l’ACIFA soulève souvent la question de la réglementation provinciale en matière d’assurance auprès des organismes de réglementation, principalement parce qu’un grand nombre de ses membres exercent leurs activités dans tout le Canada. Pour cette raison, l’harmonisation, l’uniformité et la collaboration sont si importantes. L. El-Hadi a été du même avis et a ajouté que se conformer à plusieurs organismes de réglementation régionaux est coûteux pour une nouvelle entreprise. Par exemple, supposons qu’une entreprise fabrique et distribue ses produits en Ontario, où les capitaux sont peut-être déjà limités, et qu’elle souhaite s’implanter en Alberta. Dans ce cas, elle aura besoin de plus de capital pour développer l’entreprise et devra engager un avocat qui connaît le contexte de conformité réglementaire de l’Alberta. Elle a fait remarquer que si les organismes de réglementation veulent favoriser l’innovation, ils doivent examiner comment ils peuvent abaisser autant que possible les barrières financières afin de soutenir les nouvelles entreprises. Les EEA de l’ARSF sont un excellent moyen d’y parvenir.
En ce qui concerne la réussite, le fait d’essayer une nouvelle solution s’accompagne presque toujours d’un risque. Il est très peu probable que 100 % des projets d’innovation que l’ARSF entreprend soient viables. Ce n’est pas un point négatif, mais plutôt une réalité. K. Martin demande à S. Appave si l’ARSF doit expliquer clairement ce point aux entreprises, afin de leur éviter de se fier à un mauvais indicateur pour déterminer la réussite. S. Appave a répondu que les entreprises doivent tenir compte de plusieurs éléments distincts lorsqu’elles envisagent d’effectuer des tests dans l’EEA de l’ARSF. Tout d’abord, les entreprises reçoivent de nombreuses informations sur la viabilité de leur produit ou de leur modèle d’entreprise. Elles pourront ainsi savoir si les consommateurs s’intéressent à ce qu’elles proposent. Ces informations peuvent, d’une certaine manière, valider le potentiel de réussite. Deuxièmement, les entreprises comprendront mieux les aspects réglementaires qui touchent leurs produits ou leurs technologies. L. El-Hadi a mentionné que, selon les découvertes de l’ARSF, sur 10 nouvelles entreprises technologiques, 8 ou 9 ne réussiront pas. Cette statistique peut être intimidante pour les entrepreneurs. Pour cette raison, il est nécessaire de stimuler l’innovation et de mieux en suivre l’évolution afin d’évaluer si ce taux d’échec diminue chaque année. Il est difficile d’évoluer dans ce secteur, nul n’en doute. Par conséquent, les organismes de réglementation et les institutions financières doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour aider les gens à y travailler et à s’y retrouver.
Pour conclure le webinaire, chaque conférencière a remercié l’ACIFA et a encouragé tous les participants à contacter l’ARSF ou Fintech Cadence s’ils souhaitaient poursuivre la discussion. K. Martin a remercié les conférencières et tous les participants et a mis fin au webinaire.